Exister «à l’image de D.ieu» constitue pour l’humanité sa puissance fondamentale. Une potentialité pour ainsi dire infinie.
Cette puissance est immédiatement exprimée dans le verset qui suit la création «à l’image»: «Soyez féconds. Remplissez la terre. Dominez-la» (Gn 1,28).
Mais cette puissance ne peut s’exercer que si l’homme et la femme se soumettent à la puissance de l’autre, qu’ils acceptent leur finitude et consentent à recourir à la coopération, à l’aide, de l’«autre». Cette acceptation de la finitude propre est signe de l’acceptation de l’état de créature. Elle est au concret reconnaissance de la Transcendance du Créateur, de son unicité.
Du point de vue de la connaissance de D.ieu, la doctrine de l’«image» est annonce (qui s’ignore) du fait que D.ieu est pluralité de Personnes dans l’amour. Leur relation à D.ieu constitue, répétons-le, leur puissance essentielle, mais au plan humain, l’union dans l’amour de l’homme et de la femme est la force motrice fondamentale de l’histoire humaine, précisément parce que D.ieu s’y rend présent. Elle en est le dynamisme le plus puissant.
La structure anthropologique fondamentale que nous venons de lire dans la Genèse sous-tend l’enseignement des Prophètes au sujet de l’Alliance entre D.ieu et son peuple. L’union de l’homme et de la femme symbolise l’amour de D.ieu et d’Israël. L’Alliance est d’essence nuptiale. D.ieu est l’Époux, Israël, l’épouse. Une
épouse souvent adultère, mais que le Seigneur aime «d’un amour éternel» (Jr 31,3).
L’Alliance recompose patiemment l’image de D.ieu, l’union de l’homme et de la femme, qui avait été gravement obscurcie par le péché. Ainsi l’espérance messianique est-elle liée en Israël à l’attente du parfait mariage entre D.ieu et son peuple, et du même coup, à l’attente de la parfaite révélation de l’Homme et de la Femme,
révélation qui ne peut être donnée qu’à travers leur parfaite union (s’ils ne sont pleinement eux-mêmes que l’un par l’autre et que l’un avec l’autre). On n’imagine évidemment pas que l’Époux luimême puisse s’incarner, mais la conscience s’affirme qu’un jour la communauté messianique d’Israël pourra, moyennant sa fidélité à l’Époux, donner naissance à celui qu’on appellera «D.ieu avec nous». L’espérance messianique!
- La femme, symbole de tout Israël, de l’Humanité, de la Création.
À travers la parole des Prophètes, de nouvelles déterminations nous sont données au sujet de la femme. Celle-ci devient le symbole de tout le peuple en alliance avec Dieu, hommes y compris. Elle représente devant D.ieu tout Israël. Elle symbolise aussi la partenaire, la collaboratrice, du Messie. D.ieu est indéfectiblement fidèle à son Alliance, ce symbolisme appartient au Dessein éternel de D.ieu. Il dépasse le temps. Il est absolument irréversible. Il sera scrupuleusement respecté par Yeshoua. Dans la mesure où Israël lui-même représente devant D.ieu toutes les nations (le Serviteur de D.ieu est destiné à devenir «la lumière des nations»: Is 49,6, et les «nations» de leur côté sont
appelées à «marcher vers la lumière» de Jérusalem: Is 60,3), la femme symbolise devant D.ieu toute l’Humanité, et même l’ensemble de la Création, puisque celle-ci est intégrée à l’Alliance.